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mercredi 21 avril 2010

entretien avec Charles Bertrand


Charles Bertrand, architecte naval et performer sur Geranium Killer


- Pourquoi, t’appelle t on Charly l’English ?

Peut être parce que j’ai vécu pendant 8 ans en Angleterre, à Southampton puis à Bournemouth. Certains penseront que j’ai dû être contraint et forcé pour rester autant de temps là bas, mais la vérité c’est qu’on y vit agréablement, les pubs sont conviviaux, la nature est belle et la mer juste à côté… Bon c’est sûr qu’à un moment faut rentrer, mais étant Chtimi d’origine, je n’étais pas trop dépaysé !
En fait, je suis arrivé à l’age de 17 ans à Southampton, pour faire mes études d’architecture navale, que j’ai prolongé d’un an avec un Master. Ensuite, nous avons bougé vers Bournemouth juste à côté ,où sarah (ma chère et tendre – www.junebug.fr) avait un poste de prof et où j’ai commencé à travailler de chez moi.
Au final, j’y suis resté jusqu’à cet hiver où je suis rentré en France, mais comme dirait l’autre : I’ll be back !....

- Ton job, dessiner des bateaux, quelle catégorie de bateaux préfères tu imaginer ?

C’est sûr que ce qui me branche le plus, c’est de travailler sur les paramètres de performance du bateau, développer et améliorer la machine. Je rêve de participer à la conception de ces formidables machines que sont les VO70, IMOCA60, TP52, etc…
Mais bon, ce qui fait aussi l’intérêt de cette profession c’est la vision globale du bateau qu’il faut avoir, concevoir un ensemble cohérent dans tous les domaines : formes, échantillonnages, ergonomie, fonctionnalité… Mon ambition : concevoir des bateaux élégants, efficaces et performants.

Sur un plan personnel, j’aime les bateaux qui permettent d’aller là où l'on a envie et qui avancent sans avoir 10 personnes au rappel. La régate inshore est vraiment un autre domaine, mais elle m’attire tout autant pour d’autres raisons. Ici, on décortique vraiment les paramètres de performances et il faut faire fonctionner une équipe humaine pour exploiter au mieux le potentiel que l’on a donné à la machine.

- Tu t’es lancé dans un nouveau concept, le kit, donnes nous des détails…

C’est un projet qui a été co-initié avec le chantier RLM Composites. L’idée de départ était de proposer des bateaux à finir soit même. Un peu comme on achète un appartement « hors d’eau, hors d’air » brut de ciment à l’intérieur, ce qui permet aux propriétaires de finaliser la finition intérieure à leur guise. Les bateaux sont en contreplaqué-epoxy, matériau robuste et relativement léger qui permet la personnalisation de certains éléments. Nous ne sommes pas « prisonniers » de moules pour réaliser l’intérieur.
FoX 1020, premier exemplaire de la gamme, dont la construction se termine actuellement

Le chantier peut ainsi livrer le bateau soit en kit complet, soit en finition intermédiaire où le bateau est ponté, structuré (base des aménagements) avec sa finition extérieure et ses appendices, ou bien complètement fini / prêt à naviguer. A terme, une gamme complète de bateaux rapides, habitables et marins de 8m80, 10m20 et 11m60 sera ainsi disponible. Pour plus d’info, contactez moi www.fox-tech.fr ou le chantier : www.rlmcomposites.com

- Tu t’intéresses de près à la jauge IRC, ton point de vue sur les évolutions…

La jauge IRC ne fonctionne pas si mal que ça. Certes, cela ne convient pas à tout le monde, mais cela semble malgré tout convenir à pas mal de monde et c’est bien là le but recherché. Comme toutes les jauges, elle a tendance à former un stéréotype de bateau. On peut trouver ça regrettable mais au moins cette fois-ci le type promu n’est pas mauvais (je n’ai pas encore vu de quille en bois sur un bateau typé IRC), même s’il est assez (trop ?) conservateur pour les unités de moins de 45 pieds.

La jauge est en constante évolution et ce n’est pas un procédé démocratique ! Les changements sont imposés et évidement, ça peut faire des déçus ou des jaloux. En tout cas, cela montre bien qu’il faut garder un bateau homogène par rapport au programme envisagé car les extrêmes seront tôt ou tard sanctionnées (soit par le bureau de calcul, soit par la météo !). Cependant, les évolutions vont plus dans le sens de rendre certaines options moins favorables plutôt que de vraiment les pénaliser avec un malus. Le nivellement se fait par le bas. On remet la balle au centre en quelque sorte. Equipages et architectes trouvent toujours de nouvelles astuces, il y a toujours du développement à faire pour augmenter le potentiel des bateaux. Si quelqu’un parvient à trouver une bonne astuce/option, il peut en général en bénéficier un certain temps, éventuellement gagner des régates. Puis au bout d’un moment, on rééquilibre et on remet la balle au centre. Lorsque cette option est vue d’un œil favorable par le comité de jauge car bénéfique pour l’évolution des voiliers à moyen/long terme (ex : mâts en carbone), il se peut qu’elle conserve un certain avantage. Lorsqu’elle est vue d’un œil défavorable car trop exclusive alors il se peut qu’elle se voit attribuer un malus… (ex : winches électriques sur les 40’)

Voici à quoi ressemblent les bateaux typés IRC entre 35 et 45’ : de grands élancement arrière, largeur à la flottaison étroite, quille à bulbe avec un gros rapport de lest (et donc un gros bulbe !)
Niveau gréement, le stéréotype est : mât carbone à deux étages de barres de flèches poussantes, les plus assidus pousseront le budget pour un gréement full carbone. Pour amurer le spi, le débat entre bout-dehors rétractable et tangon classique reste ouvert… (Tout dépend du plan d’eau et du programme)
Ici, Inis Mor, le Ker39 basé à la trinité/mer

Par exemple, cette année les A40RC ont pris 1 ou 2/1000e au TCC car le bureau de calcul appréhende la longueur de flottaison dynamique différemment. Le but est de minimiser l’avantage apporté par les grandes voûtes plates comme sur l’A40RC ou les autres bateaux très typés comme les plan Mills ou Corby.

On parle également de comptabiliser le poids du lest/bulbe pour tous les bateaux et ainsi rendre l’option quille plate moins ‘obligatoire’ (aujourd’hui, l’option quille à bulbe sur un bateau de production n’est pas rentable car le process de construction limite le rapport de lest qui n’apporte pas suffisamment de performances pour compenser l’augmentation du TCC) Enfin, une autre évolution que je trouverais intéressante serait le nivellement des courbes de certains paramètres comme le DLR et son effet sur le TCC…



- Comment vas-tu diminuer le TCC de Geranium Killer cette année ???? bien sur en le faisant aller plus vite… mais ne donnes pas tous les secrets quand même…

Ah… diminuer le TCC d’un bateau comme GK tout en augmentant son potentiel de vitesse n’est pas une mince affaire tant ce bateau a déjà bénéficié de réflexion par des gens très au fait de la jauge (Nivelt/Mercier). Je pense qu’il ne faut pas toujours chercher à descendre le rating, mais plutôt de travailler le TCC pour que les performances du bateau soit homogènes et exploitables par l’équipage sur les parcours envisagés / pour que le bateau soit idéalement placé par rapport à la flotte / et bien sûr pour que le compromis rating/perf soit optimum…


Geranium Killer… …. Tout nu !

Il y aurait bien des choses à essayer, mais cela nécessiterait de la chirurgie assez sérieuse et je ne crois pas que cela soit au programme pour cette saison. Peut être pour la suite ? Le plus simple à faire évoluer ce sont bien sûr les voiles. A ce jeu là, il y a toujours des choses à faire mais bon, on ne va pas donner tous les secrets non plus…

Plus sérieusement, il faut vraiment travailler tous les détails : sur le plan de pont pour rendre les manœuvres plus fluides et rapides, chasser les poids inutiles, travailler les voiles et le gréement.

Je trouve que le bateau est plutôt bien placé, en haut de la classe 2 et je ne chercherais pas à descendre le rating afin de garder un potentiel de vitesse supérieur sur l’eau qui permet (en théorie ;-) de naviguer devant.



- Qu’est ce qui te motive à naviguer sur Geranium Killer ?

Ce qui me motive à naviguer sur GK, c’est le plaisir de faire partie d’une équipe très sympa qui se donne à fond pour exploiter la belle machine qu’on lui a mise entre les mains, le tout couronné par un propriétaire gentil, ouvert et généreux. (Ça va ou je t’en remets une couche… ?)

Non, mais c’est vrai, j’aime beaucoup l’état d’esprit qui règne autour du bateau et de la campagne plus globalement. J’apprécie la gestion, l’ouverture d’esprit et le niveau sportif du projet.

Et puis ma fois, on ne navigue pas dans des endroits trop dégueux…

- Tu es le performer du bord… quel est l’implication de ton job dans ce rôle ?

Je pense que cela me donne une vision d’ensemble des performances du bateau, me permet d’appréhender plus rapidement ses points forts et ces points faible. Et quand la communication fonctionne bien dans l’équipe cela permet de faire des choix techniques et stratégiques plus justes .

Pour moi, c’est l’occasion de sortir la tête de l’ordi, d’acquérir de l’expérience complémentaire et de relativiser par rapport aux chiffres théoriques.


Un peu d’auto-promotion pour finir et un avant projet de 41’ IRC datant de l’année dernière...


Merci Charly

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Super Article, mais vous auriez pu prendre une photo de Maluba pour le Ker ;-)

geranium killer a dit…

je ne pense pas avoir une photo de Maluba dehors...